Après beaucoup d'autres, Ivan Gobry se penche sur le « cas » Nietzsche. Il le fait en toute lucidité et, en quelque sorte, pour remettre le surhomme à sa vraie place.

Certes, cette place n'est pas négligeable, mais elle a été singulièrement surélevée par des disciples trop enthousiastes qui ont voulu faire du philosophe de Zarathoustra à la fois un mystique et un mythe.

Lorsqu'il écrivit Zarathoustra, Nietzsche hésita longtemps sur la fin à donner à son récit. Il prévoyait de démasquer l'imposture du prophète qui se découvrait responsable de la mort d'un homme et de la folie d'un autre, et finissait par mourir seul, souffrant de ses méfaits et abandonné. Pourtant, Nietzsche choisit l'orgueil et la réhabilitation de Zarathoustra. Cette tension parcourt toute l'œuvre et la vie de ce poète de génie. C'est ce que s'attache à démontrer Ivan Gobry : Nietzsche est un funambule qui se tient en équilibre entre son désir d'aimer et son nihilisme, jusqu'à la chute.

Ivan Gobry ne nous offre ici ni une dissertation philosophique ni une étude littéraire. Dans ces pages, denses et nerveuses, il ne s'attache qu'à l'homme pour nous le montrer tel qu'il était. Il s'en dégage un Nietzsche justement démystifié et démythifié, mais combien plus vrai.